GEL dans les vignes – avril 2021

La Vigne et le Gel dans l’Hémisphère Sud

La période de gel exceptionnelle qu’a connu la France en ce début de printemps 2021, a amené certains d’entre vous à s’interroger sur ce phénomène et à se poser la question de savoir si cela était une question franco-française, ou si le gel pouvait toucher aussi les autres pays viticoles et en particulier les pays de l’hémisphère sud.
Nous vous proposons dans cet article un petit rappel sur les conséquences physiologiques du gel et un petit tour d’horizon du gel à travers l’hémisphère sud.

Le Gel et la Vigne : Pourquoi la période de début de printemps est si importante ?

Augustin Hector Leiva de la Bodega Tamari en Argentine nous rappelle quelques bases sur le gel et ses conséquences. Il explique avant tout que le gel est fortement préjudiciable en fonction du stade physiologique de la vigne. Le graphique suivant reprend les différents stades phénologiques de la vigne. En fait, la vigne devient fortement sensible à partir du stade C et D, si le gel intervient au stade C, on peut encore sauver une partie de la récolte car un autre bourgeon va pouvoir se développer à la base. Cependant, à partir du stade D le gel aura alors des conséquences irrémédiables jusqu’au stade 3 feuilles. Au delà, les dommages peuvent être moindres grâce au redéveloppement d’un nouveau bourgeon.

Stades phénoliques de la vigne

Ce qu’il faut bien comprendre aussi c’est que chaque variété à un niveau de précocité différent, par exemple, le stade « pointe verte » est plus précoce chez le Chardonnay que chez le Pinot Noir. C’est pour cette raison que les vignobles de Chablis ont été très touchés en 2021.
Après un épisode de gel, si on veut espérer une reprise végétative et limiter les pertes de rendement, il est impératif que la vigne ait une bonne nutrition et un apport d’eau suffisant.

Le Gel et la Vigne dans l’Hémisphère Sud

On pense souvent à tord que les incidents climatiques touchant la vigne ne sont réservés qu’à nos pays européens car nous avons une image de l’hémisphère sud un peu faussée. Les vignobles de l’hémisphère sud seraient situés dans des zones très chaudes avec un climat régulier toute l’année. Bien au contraire, les vignobles de l’hémisphère sud sont bien souvent situés au même latitude que ceux du Nord et connaissent des climats relativement similaires à ceux de nos régions européennes à la nuance près que la pression sanitaire (risque de maladie) y est globalement moins forte et rend la vigne plus facile en conduite Biologique et Biodynamique. Bien sûr les saisons y sont inversées donc les vendanges ont lieu entre fin janvier et avril dans l’Hémisphère Sud alors qu’en Europe elles ont lieu entre fin août et fin octobre. Donc les risques de gel préjudiciables à la vigne correspondent plutôt à la période de fin septembre à novembre.

Nous avons interrogé, Tyrrel Myburgh, du petit domaine Bio de Joostenberg à Paarl en Afrique du Sud à ce sujet, voici sa réponse :

« Nous sommes en réalité très chanceux ici à Paarl, car depuis près de 50 ans je n’ai jamais eu de dommages causés par le gel. Les périodes de gel existent chez nous mais seulement pendant l’hiver quand les bourgeons sont dormants. Par contre dans certaines régions viticoles d’Afrique du Sud situées en bordure de côte il n’est pas rare d’avoir des périodes de gel au printemps avec des conséquences similaires à celles que vous connaissez en 2021 en France ».

Du côté du Chili, Stefania Perciavalle, nous donne aussi quelques éléments de réflexion :

« Sur nos vignobles chez Emiliana, nous sommes particulièrement touchés par le gel dans deux appellations d’origine la Casablanca Valley, située le long du pacifique à l’Ouest de Santiago, et Totihue, situé tout près de la cordillère des Andes à 100 km au Sud de Santiago ». Pour essayer d’endiguer ces périodes de gel récurrentes, ces deux vignobles sont équipés d’éoliennes qui vont fonctionner automatiquement dès que les températures passent sous les 2 degrés à midi et évite ainsi à la température au niveau des ceps de descendre trop vite.

Enfin dans la Uco Valley chez Tamari situé à des altitudes supérieures à 1000 mètres, Augustin nous explique pour sa part que les périodes de gel au stade C à E sont finalement assez rare. Par contre son principal problème climatique concerne les orages de grêles qui sont malheureusement très fréquents aussi bien en mars (début des vendanges) qu’en décembre (équivalent de Mai chez nous) avec des conséquences importantes sur les rendements.

En conclusion, les incidents climatiques ne sont malheureusement pas présent que dans les vignobles de France mais bien partout à travers la planète, la vigne a besoin d’un climat à 4 saisons pour donner de grands vins et cela implique des risques quelques fois préjudiciables.